6h42. Ce mot me vient. Cela fait quelques jours que cela revient. Les mains qui piquent, les mots qui tournoient. L’envie, la solitude, l’oubli de soi. Ecrire c’est comme une sauvegarde de l’âme. Quand on y arrive plus, c’est que l’on est un peu cassé, cabossé; et puis, finalement, aux heures les plus sombres, voir au loin une lueur - un mot qui s’éclaire. Une phrase qui s’illumine. Ce n’est pas assez pour un roman, mais c’est déjà ça.
Il me semble que cela fait plus de 4 mois. Il me semble peut-être que cela ira mieux. Parce que parfois, ce n’est pas pendant qu’on est au plus mal. C’est après. Après tout. quand la mer est étale, et qu’un avenir se dessine. C’est là. A ce moment précis, où l’on baisse la garde, on se dit que le rivage est en vue tel un matelot qui nous crierait “terre en vue” et tout à l’action, tout à la joie de se dire “ouf” on ne voit pas le dernier orage qui s’annonce. Ces dernières années j’essuyé plusieurs tempêtes, des grosses, parfois même des ouragans. J’ai tenu le cap. Je ne me suis pas écroulée. Mon bateau a tangué souvent, a vacillé parfois, la coque s’est fêlée à de multiples endroits, j’ai un mât qui s’est fendu en deux, mais il est toujours debout. Il y eu aussi de grands bonheurs qui ont colmaté quelques brèches mais il reste beaucoup de fissures par endroit. Je n’ai pas voulu voir. J’ai une politique de l’autruche toute personnelle.
C’est maintenant. Quand je suis sur le point d’accoster que mon bateau a décidé de prendre l’eau, que jour après jour, j’écope. Parfois peu, et parfois, je me dit que c’est peine perdue. Je ne veux pas qu’elle rentre. Je ne vais pas me noyer maintenant. Pas si près du but. Certaines journées je pense avoir tout colmaté mais c’est pour mieux me prendre une grosse infiltration dans la cave.
J’ai l’impression de courir dans tout les sens à la réparation des brèches. Il faudrait que je les regarde bien en face une par une, que j’arrive à ne plus courir partout, à les réparer, les colmater, les aimer aussi peut-être, pour partir avec un nouveau navire, portant certes quelques stigmates mais fort de celles-ci.
Il faut aussi se débarrasser de quelques tonneaux du passé. Ce n’est pas évident non plus de les laisser partir. Il le faut bien, pour gagner en légèreté. La difficulté c’est que je suis nostalgique par essence. Je regarde toujours derrière. Je suis à contre-temps. J’apprécie toujours mieux à postériori.
C’est donc maintenant que ça se délite. Car quand je regarde par dessus l’épaule, je ne peux apprécier vraiment ce qui vient de se passer.
Dans revenir, il y a Rêve.
Dans revenir, il y a Avenir.
Alors, je fais le vœux, d’arriver à me rapprocher de la côte d’assez près pour pouvoir plonger, laisser ce vieux rafiot tout rafistolé, et y arriver à la nage.
Très beau texte Jessica… toujours bcp de sincérité
Parmi tous vos mots , il y a le goût de vivre .
Nous avons tous nos failles, nos blessures, plus ou moins béantes mais elles sont là et oui faire le ménage peut être une bonne idée , quand c’est possible!
Le principal est d’être en-vie !! Je vous souhaite une belle journée